Iyed Dahmani: les riches doivent payer leurs impôts! (Vidéo)
Lors de la deuxième partie de Midi Show de ce mardi 6 septembre 2016, Iyed Dahmani, ministre chargé des relations avec l'assemblée des représentants du peuple fraichement nommé, a parlé des restrictions budgétaires recommandées par le chef du gouvernement Youssef Chahed. Il a également parlé des projets et des priorités du gouvernement Chahed.
Dahmani a en effet dit que, contrairement aux politiques adoptées par les anciens gouvernements, le gouvernement Chahed compte dire toute la vérité au peuple.
« La situation est vraiment difficile. Et si l’ancien gouvernement a parlé d’un déficit budgétaire de 3000 milliards en 2016, en réalité ce déficit est de 6000 milliards ! Les tunisiens doivent savoir que la masse salariale a connu une hausse de 100 %. Elle a carrément doublé depuis 2010. Et même s’il y a eu des majorations salariales, le pouvoir d’achat des tunisiens s’est vraiment détérioré. Et ce, parce que la majoration n'est pas au même pieds d'égalité que l’inflation des prix.
Ceci dit, si on dit la vérité aux gens, ce n’est pas pour les faire perdre espoir, au contraire. Ce que l’on cherche, c’est de bâtir sur de bonnes bases. Aujourd’hui, nous sommes face à des faits : l’économie ne marche pas, il n’y a pas d’investissements, et le budget de l’Etat ne peut pas faire rouler la roue économique. On ne peut ni investir, ni employer les chômeurs".
Un projet de loi pour booster les investissements
Ce gouvernement est le seul parmi tous ceux qui l’ont précédé à avoir présenté un projet de loi à l’ARP, une seule semaine après avoir pris le pouvoir, dit Dahmani. Et d’ajouter que ce projet instaure des mesures exceptionnelles pour l’investissement.
« Il s’agit d’une loi d’urgence économique qui simplifie et accélère les procédures devant les investisseurs. Je cite par exemple le cas du Maroc. Lorsqu’un investisseur propose un projet, l’Etat lui demande ce qu’il peut faire pour l’aider. Or, en Tunisie, lorsqu’un investisseur présente un projet, on le ruine de paperasses et de procédures qui peuvent durer une année et plus.
Ce projet de loi servira justement à abréger les procédures et à les accélérer pour encourager les investissements sans toutefois oublier la transparence et l’égalité des chances. Toutefois, ceux qui peuvent bénéficier de ces facilités doivent investir plusieurs dizaines de 100 milliards et doivent garantir une grande capacité d’emploi. Une fois mis en place, ce projet de loi créera un dynamisme de l’économie ».
Les riches doivent aider et payer leurs taxes
Iyad Dahmani dit par ailleurs qu’il est temps pour que les hommes d’affaires et la classe riche mettent la main à la pâte. « La Tunisie prépare un congrès d’investissement, les hommes d’affaires doivent bouger et être de la partie. Le cas échéant, ils seront les premiers perdants parce que si la capacité d’achat se détériore, le tunisien ne va plus pouvoir acheter et ils seront ruinés. L’effort doit d’abord être fait par les grands hommes d’affaire avant les salariés. C’est, en effet la politique du gouvernement actuel ».
Quant aux mesures qui seront prises pour gérer la crise, Dahmani explique que l’austérité implique des taxes sur les richesses. « L’on étudie à présent la participation de ceux qui possèdent un capital. Parce que jusqu’à présent, ce sont les employés et les salariés qui payent le plus d’impôts. Et ceci est injuste !
L’on va également opter pour une compression des frais de l’Etat. En effet, beaucoup d’argent est dépensé par exemple pour organiser des séminaires et c’est vraiment inutile surtout dans nos conditions actuelles. L’on va aussi arrêter l’achat de voitures de fonction et rationnaliser les équipements de l’Etat et limiter les avantages des hauts responsables. D’ailleurs avant d’imposer ce sacrifice aux autres, on va commencer par nous-mêmes. Nous autres ministres devons donner le bon exemple.
Ceci dit, je rassure les gens on va continuer de verser les salaires, les pensions de retraite et les couvertures sociales.
Nous avons l’honneur de servir la Tunisie
Dahmani ajoute que l’argent ne compte pas lorsqu’il est question d’assurer une mission d’honneur. « Plusieurs ministres étaient dix fois mieux payés avant d’assurer la tâche de ministres. Et ils ont accepté pour le pays.
Concernant le prestige de l’Etat, Dahmani dit que le gouvernement s’engage à appliquer la loi, pas seulement contre les protestations illégitimes, mais aussi dans la vie courante, notamment en ce qui concerne le respect du code de la route. « L’Etat sera ferme dans l’application de la loi, aussi bien face aux protestations que face à ceux qui violent le code de la route parce que les accidents de la route tuent beaucoup plus que le terrorisme ».
Pour finir, le ministre dit qu’il a choisi de faire partie de ce gouvernement, par patriotisme et parce qu’il est conscient qu’il faut sauver le pays. On ne cherche pas à être aimé, mais à réussir notre mission. On sacrifie, même une carrière politique, pour que le pays sorte du gouffre. On est même prêts à brûler pour la Tunisie »